Pour commencer, le rallye Aïcha des Gazelles, c'est quoi ce truc ?
Un rallye raid 100% féminin, qui se déroule de mi-mars à début avril au Maroc dans lesquels une centaine d'équipages sont engagés chaque année.
Sans GPS, sans aucun moyen de communication vers l'extérieur pendant la durée de la course, il nous faut trouver des CP sous forme de drapeaux (7 ou 8/jour) avec un kilométrage optimum donné.
Le départ est lancé à 6h du matin, toutes les 2 minutes, 5 voitures sur des parcours différents ensembles.
Les CP ferment progressivement jusqu'au dernier le soir à 19H.
A savoir qu'à cette époque, au Maroc, le jour se lève à 5h et la nuit tombe à 17h30...une fois la nuit tombée, tout se transforme en galère car nous n'avons plus aucun repère visuel et même la plus puissante des rampes de phares qui va éclairer quelques mètres devant nous peut nous faire découvrir l'oued dans lequel nous allons tomber...
La difficulté principale du rallye est la navigation, à l'ancienne uniquement (boussole et cartes topo au 1/100.000ème) et notre ennemi incontournable est la durée du jour (une erreur de nav peut coûter entre 1 et 4h, une crevaison 1h, un tankage entre 1 et 3h...). La vitesse n'est pas prise en compte mais on est obligé de rouler vite et de s'arrêter fréquemment (tous les 10km max) pour régler notre cap boussole par rapport à notre carte et lorsqu'une montagne infranchissable, il nous faut la contourner tout en gardant notre bon cap.
La fatigue et le stress se font vite sentir et en plus de tout ça, il nous faut gérer notre team...
Au niveau assistance, nous avons une assistance commune pour les 3/4 des équipages et il nous faut impérativement réussir à ramener le véhicule à la mécanique sous faute de pénalités en cas de dépannage sur place.
Important aussi, la gestion du carburant. Bidons interdits et ravitaillement en dehors du bivouac interdits sous faute d'exclusion...
Allez, c'est parti pour le récit de 2011
jeudi 17 mars
Ca y est, enfin en congés pour 3 semaines ! chez Sylvie, cette journée sera entièrement consacrée au rangement et chargement de Jeepie qui est rentrée à la maison avec un réservoir additionnel tout juste installé.
Chaque chose est à sa place, on croirait un jeu de Tétris. Même les 4 boîtes de bonbons ont trouvées leur place…
A la maison, mon mari a chargé son pc pour l’envoi des newsletter pendant la course, les enfants vérifient les sacs, les plantes sont arrosées, les papiers triés. Tout est ok, nous pouvons partir tranquilles.
Caméra et appareil photo chargés et rangés, MP3 préparé avec les chansons du Sénégal pour le soir dans le duvet...La canne à pêche qui va porter le fanion d’un de notre partenaire est en place, le treuil a été retiré pour laisser place à la kinétic, la croix, le cric et les manilles. Il reste à fermer la trousse de toilette et... à partir demain matin !
vendredi 18 mars
Le rendez-vous chez Prune est fixé vers 10h30. On re-déballe tout pour qu'elle puisse caler son sac, son duvet, sa tente, son sac à dos et prendre ses repères par rapport au rangement. Un petit repas rapide et on prend la route.Nous avons rendez-vous avec l'équipe de choc habituelle pour l'opération "stickage", puis nous partons tous au restaurant pour fêter dignement notre départ proche. L’ambiance est à la fête ce soir.
samedi 19 mars
5h45, nous voila garées place Stalingrad à Sète. Il faut maintenant passer toutes les vérifications techniques et administratives… la course commence ! non pas aux balises mais à l’Irritrack et à la paperasse ! Jeepie et nous sommes déclarées aptes, ouf !
Nous rejoignons nos amis qui sont arrivés alors que nous courions après les rations de l’armée et qui surveillent notre Jeepie ! hum… il y a une légère odeur d’essence autour de Jeepie, c’est normal ça ? … d’ailleurs en parlant d’essence, on risque d’être plus que juste si on veut défiler dans Sète ! viiiiiite, où est la station la plus proche ? bougez pas, on revient !
Le plein est fait, les estomacs sont pleins, on peut partir pour le défilé et l’embarquement. Tiens, encore et toujours le podium… et avec le temps, il ne s’est pas élargi ! enfin bon, Jeepie l’a déjà monté 2 fois, pas de raison qu’elle se loupe sur ce coup ! Nooon, elle l’a grimpé comme une grande et nous voila parties direction le port pour l’embarquement.
Un dernier petit moment de douceur avec nos conjoints et on embarque dans l’excitation la plus totale.
dimanche 20 mars
Nous profitons de cette journée en mer entre gazelles pour préparer nos cartes que l’on nous a distribué à Sète.C’est parti pour un coup de fluo rose, jaune, vert… on marque nos repères, on mesure nos carrés, on pré-plie toutes les cartes histoire de gagner du temps lorsque nous serons en course.
Tout cela terminé, nous prenons nos bouquins et allons voir le commissaire de bord afin qu’il nous ouvre le solarium… loin de toute agitation, au soleil, nous nous reposons et préparons notre stratégie de course. « Un maximum de repos » : telle sera notre devise durant ces 2 jours de bateau.
lundi 21 mars
Pour la 2ème année consécutive, nous arrivons au port de Tanger Med. Quel bonheur de ne plus avoir toute la ville à traverser pour nous rendre à Meknès où nous sommes attendues pour le brief le soir même.
Comme nous ne sommes pas en retard, nous décidons de nous accorder une halte sur l’autoroute pour manger notre 1er tajine. Nous prenons notre temps, papotons avec d’autres gazelles qui nous ont rejoint et décidons de repartir après 1 bonne heure d’arrêt.
Jeepie démarre et d’un coup un cri « stooooooooooop » ! oups… y aurait-il un problème ? ah oui… Jeepie perd de l’essence ! bon, ce n’est pas top comme situation ! heureusement, voila qu’un des mécanos du rallye arrive au même instant (lui aussi a eu envie de manger un tajine…), il enfile sa combinaison et se glisse rapidement sous Jeepie. Une durite déboitée, un collier mal serré, tout cela est réparé en 2 temps 3 mouvements et nous voila reparties ! (elle sent toujours l’essence mais cela doit venir de la fuite…)
Nous arrivons à Meknès sans problèmes et assistons à notre 1er briefing qui va nous donner les généralités du rallye.
mardi 22 mars
Après une bonne nuit à Meknès, nous nous apprêtons à partir à la Garden Party organisée aux Celliers de Meknès et Jeepie nous fait un nouveau caprice ! elle refuse de démarrer et perd à nouveau de l’essence ! qu’à cela ne tienne, nous allons dorénavant faire « local » et allons voir le gérant de l’hôtel afin qu’il nous aide à solutionner le problème. Quel problème ? il nous envoie son plombier qui nous répare une autre durite et le collier avec du fil de fer et nous souhaite bonne route « Inch Allah » !! Nous informons Dominique Serra que nous préférons prendre la route tranquillement direction Erfoud pour prendre le temps à l’arrivée de faire réparer Jeepie dans un garage plutôt que d’assister à la Garden Party.
Nous partons en direction d’Erfoud rejoindre notre hôtel. Jeepie ne nous fera plus de caprices.
mercredi 23 mars - - prologue – Mech Irdane / Mech Irdane
Ce matin, départ à 9h de l’hôtel pour l’étalonnage du compteur aux environs de Jorf.
Bonne nouvelle, Jeepie a démarré sans problèmes mais… il y a toujours cette satanée odeur d’essence… Cela ne pourrait-il pas venir des clapets anti-retour installés juste avant le départ pour une meilleure gestion du réservoir ? bon, on verra ça après l’étalonnage…
Etalonnage terminé et voila qu’un voyant s’éclaire au tableau de bord… ok ok Jeepie, on va chez Aziz…
Par sécurité, on demande à Aziz de nous enlever 1 des 2 clapets anti-retour et nous voila reparties vers le bivouac l’esprit tranquille mais toujours avec cette odeur d’essence qui ne nous lâche pas.
On mange un morceau, on dégonfle nos pneus à 1,7kg, on enlève les barres stabilisatrices à Jeepie et assiste à notre 1er briefing à 13h30… 14h30, départ pour le prologue ! ça y est, on est dans la course et Jeepie se comporte bien.
1 balise, 2 balises, 3 balises… et hop, à 17h40, nous rejoignons le bivouac avec nos balises en poche. Nous attendons les copines avant d’aller manger et filons nous coucher à 21h.
Tout va bien, nous sommes contentes de nous et Jeepie va, par sécurité, passer sa 1ère nuit à l’atelier mécanique pour une vérification de ce qui a été fait au garage.
jeudi 24 mars - étape 1 – Mech Irdane / Mech Irdane
Il est 4h et on entend la douce voix de Dominique (directrice du rallye) qui nous réveille en nous donnant l’heure. On ne pourra pas dire que cette voix nous avait manqué tout au long de l’année…
Cette année, nous avons tout prévu, même le room service et nous sommes équipées de cafés auto-chauffants qui vont nous assurer un p’tit déj au lit tous les matins !
4h15, après avoir bu notre 1er café dans la tente, nous allons chercher notre Jeepie qui a dormi à la méca. Ce matin, elle démarre sans problème mais nous ne sommes qu’à moitié rassurées car elle sent toujours l’essence…
5h, 1er « vrai » briefing de la semaine. Aujourd’hui, nous avons 7 CP à trouver avec un kilométrage idéal de 192km et un temps minimum donné de 9h30.
Cette étape est plutôt une mise en condition qui nous permettra de prendre nos marques dans l’habitacle et à Jeepie d’évoluer sur différents terrains. C’est parti, départ à 6h45 (on sait que si on avait fait un peu mieux au prologue, on ne serait pas parties si tard…), et nous voila en route à la recherche des balises.
3 CP pointés avant midi, allez courage, plus que 4 ! CP4, CP5 et CP6 avalés ! plus qu’1 ! il est déjà 17h45 quand nous quittons le CP6 en direction du 7. La nuit commence à tomber mais nous ne nous décourageons pas ! sûres de nous, nous filons vers cet ultime CP et devant nous… une zone de sable ! hum… on pourrait l’éviter et rentrer directement au bivouac mais notre balise est là, derrière ce tas de sable… allez go ! on a peu de temps avant la nuit, on fonce !Pas le temps de dégonfler plus les pneus, Jeepie franchit cette 1ère barrière comme une grande. En route, on peste quand même contre Jean-Pierre (directeur sportif) qui nous a mis cette balise si loin. Hey Jean-Pierre, d’habitude, enfin l’année dernière, la dernière balise était sur la piste qui nous ramenait au bivouac, pas au bout du monde derrière un tas de sable !!!
Il est 18h58 quand nous arrivons à notre dernier CP ! ouf, il était temps ! et hop, balise validée ! et c’est avec nos 7 balises en poche que nous arrivons au bivouac en convoi à 20h45. Le temps d’une douche, un repas et nous voila couchées, contentes de nous… nous sommes 20ème au classement, le rallye commence bien !
vendredi 25 mars - étape 2 – Mech Irdane / Neijakh
7 balises à trouver avec un kilométrage idéal de 175 km et le temps donné pour les parcourir : 11h50.
Aujourd’hui, on quitte notre bivouac et la voix de Dominique à 4h du mat’ est toujours là ! Allez zou, on replie nos tentes, duvets, matelas et allons chercher Jeepie sur le parking. L’est toute contente de ne pas avoir dormi à la méca cette nuit mais a toujours cette odeur d’essence… on charge tout notre barda et en avant pour le p’tit déj au bivouac. Notre road book en main, on se concentre pour placer notre 1er point. Comme tous les jours, lorsque nous arrivons à ce 1er CP, on nous donne notre road book avec tous les CP du jour.
6h15, nous voila lancées ! le début d’étape s’annonce coriace et nous décidons de naviguer au cap. La 1ère balise en poche, nous découvrons notre parcours pour la journée et filons vers la 2ème. Ah, 1ère surprise, cette montagne devant nous… au cap, on a dit au cap ! ça n’est pas gagné mais advienne que pourra… droit dessus ! tiens, une petite piste à gauche qui devrait nous permettre de passer derrière cette grosse montagne… vite, on s’engouffre, cette piste est dans notre cap, ah, elle n’est plus dans notre cap ! ok on la lâche et on continue. Oups le joli goulet avec les rochers… bon là, on s’arrête, on examine le terrain, on cherche un passage, on va explorer plus loin à pieds et rien… aucun passage providentiel… il ne nous reste que 2 solutions, on tente le coup de franchir les rochers, mais seules, on prend un max de risques ou on fait demi-tour. Cette dernière solution est bien vite écartée. Le rallye se joue aussi sur un nombre de km minimum alors faire demi-tour, hors de question ! et voila que la voiture providentielle arrive ! un autre équipage qui se retrouve avec nous devant le goulet !! les pilotes discutent, élaborent une stratégie de passage et ça y est, on décide d’y aller.
Les navigatrices seront là pour nous guider et chaque pierre franchie sera une victoire sur les éléments. C’est tout doucement, en 1ère vitesse boîte courte, que Jeepie va passer. Une fausse manœuvre et nous voila avec un rocher juste au centre de la voiture. Il faut reculer très lentement pour se dégager de là et ça repart. Ca n’était qu’une petite frayeur et ça y est, nous sommes passées et avons le plaisir de découvrir un paysage magnifique derrière tout cela. Quel bonheur, on quitte l’autre équipage à la sortie du passage et chacune va chercher sa 3ème balise.
On prend le cap et go… mais ce jour là, on doute de nous. On s’arrêtera souvent reprendre notre cap, pas sûres de nous. On croise un autre équipage qui arrive de notre balise et qui nous repositionne sur notre carte. Aurait on tant dévié que cela ? c’est étrange mais bon, puisqu’elles en arrivent… on se recale et on repart en direction de notre balise.
On y arrive enfin ! … mais çà n’est pas la nôtre ! . Nous nous jurons de ne plus écouter personne et plaçons le point sur lequel nous sommes, refaisons les calculs et c’est reparti ! on roule, on roule, on roule, on s’arrête de nouveau, on prend notre cap… il y a comme un truc qui ne va pas, on devrait y être à notre balise… au lieu de cela, on est sur un plateau, une immensité devant nous et… pas de balise. On doute, ils nous l’ont enlevé ou quoi ? on continue d’avancer et nous voila au bord de la crête. On descend de Jeepie et notre balise est là ! devant nous ! enfin… en bas de la montagne d’en face et bien sûr, impossible de descendre en ligne droite ! on part à pied, on cherche un passage et ça y est ! on l’a ! un peu en dévers mais pas grave, au bout, il y a notre balise… 2ème frayeur de la journée, on serre nos casques, nos ceintures (et nos fesses ! ) et c’est parti pour la descente.
C’est un grand moment après notre départ de la balise 2 que l’on arrive à la 3… le pointeur nous regarde arriver avec un petit sourire et nous dit « vous espériez descendre comme ça de ma montagne » ? heuuu… allez, on valide notre balise mais en regardant notre montre, on s’aperçoit que l’on a accumulé pas mal de retard. On se pose des questions, on doute, on ne comprend pas comment on a pu en arriver là mais bon, il faut filer à la 4 qui est la plus éloignée du bivouac. On étudie la meilleure stratégie pour y arriver et sur la carte, on découvre une route et une piste qui devraient nous amener pas loin de notre balise.
Banco, c’est parti, route + piste, on va pouvoir rouler et rattraper un peu de temps perdu. On prend le cap, et… il y a quelque chose qui ne colle pas… on change de compas pour vérifier et là… abominable découverte… le compas que l’on utilisait depuis le matin nous donnait une valeur fausse !!!! ni une ni deux, compas rangé au fond de la boîte à gants, on ne s’en servira plus et on reprendra l’ancien, plus fiable.
Pas de temps à perdre, on prend la route. On croise pas mal de gazelles qui ont l’air de revenir de la balise. Une d’entre elle s’arrête à notre hauteur et nous indique la piste à prendre dans le village suivant. Merci les filles ! On arrive au village, on cherche la piste qui devrait se trouver à côté de l’école mais rien… pas de piste… On ne s’était pas promis de ne plus écouter personne ? pfff ça commence bien. Le temps défile et nous, on cherche une piste qui n’existe pas. On décide de ne se fier qu’à nous et on continue la route direction le village suivant. Elle est là la fameuse piste que l’on cherche depuis plus d’une heure !!! ça n’était pas le bon village !!!
Allez ok, plus de temps à perdre, il est presque 17h et il nous reste 1h avant la nuit… Cette balise sera la dernière de notre journée, mais encore faut il la trouver… il faut quitter la piste et tirer au cap. On y est presque mais… il fait nuit, devant nous, les herbes à chameaux et au loin, une rampe de phares. Une voiture vient vers nous, on éclaire notre rampe de phares et on l’attend. Les filles arrivent vers nous, stressées. Elles ont crevé 3 fois de suite et leur mèche a encore lâché. Elles ont perdu le moral, il fait nuit, elle ne savent plus et nous informent que la balise est loin et dans les herbes à chameaux. Hum, nous devons décider quoi faire et… les écoutons ! la balise est loin, il commence à faire nuit…
Ok, on reste avec elles, on change le pneu, on les réconforte à coup de bonbons et c’est parti direction le bivouac. La nuit devient noire, on perd la piste sur laquelle on était et nous voila dans les herbes à chameaux. Les conductrices sont de plus en plus fatiguées, les navigatrices ouvrent la route à la lumière de leur lampe frontale. Allez, on passe ces herbes et derrière, on a la piste qui nous ramènera au bivouac. Une herbe plus haute que les autres et nos copines se posent dessus… Pas de problème, on reste calmes, on accroche la kinétic à Jeepie et les voila sorties. La suite s’annonce difficile, la fatigue est vraiment installée, cette journée est un échec. Alors, toutes les 4, nous décidons de poser nos tentes ici. Nous passons une soirée fort sympathique et une nuit réparatrice lors de laquelle, certaines ont entendu des grenouilles…
Demain il fera jour, nous partirons de bonne heure rejoindre le bivouac.
samedi 26 mars - étape 3 – Neijakh / Neijakh
Ce matin, pas de Dominique pour nous réveiller puisque nous ne sommes pas au bivouac. Nos réveils sonnent à 5h, nous avalons notre café et prenons la route à 5h45 direction le bivouac. Il nous faut impérativement pointer notre étape avant midi pour ne pas être disqualifiées. La piste que nous avons tant cherché hier soir est à quelques mètres de nous, tout comme la Cité d’Orion !
Nous roulons en accéléré, la fatigue a laissé place à l’excitation, et nous rejoignons la route qui va nous mener au bivouac.
7h30, nous quittons la route pour prendre le cap de la piste du bivouac et nous arrêtons quelques minutes devant la Casbah Saïd qui est à 5km de notre bivouac. Et là, nous voyons une tête connue, puis une autre et enfin une 3ème ! non, ce ne sont pas des gazelles mais bien des amis à nous, notre team de choc avec qui Jeepie aime jouer (Mick, Alain&Nath et Jean-François et Rose) ! Ils sont en rando. au Maroc, étaient au bivouac hier et nous ont attendu toute la soirée… ce matin, déçus, ils avaient décidé de repartir ! nous discutons 10 mn (c’est bon de rencontrer des copains après une étape ratée) et nous voila reparties vers le bivouac pour prendre le départ sitôt le plein fait et un p'tit café ingurgité.
30 mn plus tard, nous repartons, notre feuille de route en main. Nous klaxonnons tant que nous le pouvons en passant devant la casbah et filons vers les CP. Il est 8h30, nous partons avec 2h30 de retard. Il y a des rencontres improbables qui font du bien au cœur et au moral, un de nos meilleurs souvenirs…
Aujourd’hui, la chaleur est étouffante et nous devons naviguer sans aucun relief sur un plateau très cassant. Par souci d’économie de puissance, la clim a été débranchée et nous transpirons sous nos casques. En plus, il faut constamment descendre et reprendre le cap car nos seuls repères sont des touffes d’herbe au sol… On arrive devant un bras d’oued à traverser. Une fois encore, il nous faut trouver la bonne descente… on marche, on trouve le passage, on remonte dans Jeepie et là… rien ! elle ne veut rien savoir ! pas le moindre frémissement au démarrage ! Arghhhh, Jeepie, il fait chaud, on est en retard alors il va falloir que tu te décides ! allons nous appeler la mécanique à l’aide ? avant, on ouvre le capot, on touche tout ce qui se trouve à portée de main et la voila qui repart après 1 bonne heure ! on ne l’arrêtera plus de la journée…
Nous prenons nos repères, et avalons les balises les unes après les autres, la rage au ventre ! balise 6, 18h55… trop tard pour la balise 7, elle ferme à 19h mais nous avons réussi ! 6 balises en partant en retard, nous sommes contentes de nous et ce soir, nous dormirons au bivouac.
En arrivant au bivouac, nous allons vite voir notre classement de la veille… 80ème de l’étape, 43ème au général ! oh misère ! aucune balise sur les 3 validées… d’accord, cette étape 2 n’était pas la notre mais il ne faut pas exagérer ! nous allons réclamer et nos points nous seront finalement crédités.
Aujourd’hui, 17ème de l’étape, nous remontons dans le classement et passons 34ème au général.
Jeepie dormira à la méca. L’odeur d’essence qui ne la lâche pas ne serait-elle pas à l’origine de cette panne ?
dimanche 27 mars - étape 4 – Neijakh / Neijakh
Aujourd’hui, étape en boucle qui va nous emmener dans le grand bac à sable : Merzouga. Le principe des balises est un peu différent. Dans une étape de dunes, chaque équipage peut choisir son niveau de difficulté avec 3 options : les balises « X » qui sont placées dans les plus hautes dunes, les « XBis » qui sont dans les dunes de hauteur moyenne et les balises normales, qui n’amènent pas dans le sable.
C’est au son d’un concert privé donné par André Manoukian que nous nous réveillons. Il n’y a pas à dire, c’est tout de même plus agréable que la voix de Dominique ! merci André, c’était magique…
128km, 11h de course, 7 balises et notre Jeepie qui sent toujours l’essence… En allant la chercher, nous découvrons qu’elle n’a pas réintégré le parking comme d’habitude mais qu’elle a toujours le ventre ouvert à l’atelier mécanique… l’angoisse grandit au fur et à mesure que les pas nous amènent vers elle… et si elle ne pouvait pas prendre le départ ? non… pas aujourd’hui… c’est du sable Jeepie… tu vas te régaler ! bonne nouvelle, les mécanos nous apprennent qu’ils ont presque terminé et qu’elle pourra prendre le départ mais… on a un sérieux problème d’injecteur qui sera déclaré fendu et qui est irréparable, nous n’en avons pas de rechange… choix difficile à faire : on prend le départ mais c’est risqué car chaque démarrage sera dangereux… On réfléchit rapidement et c’est décidé, on prendra le départ et on n’arrêtera pas le moteur de la journée ! ça n’est quand même pas un injecteur qui va nous empêcher d’aller jouer dans le sable !
Quelle chance ce jour là, on part en 1ère ligne… à nous les dunes de Merzouga ! le moment où jamais de faire nos preuves mais aussi de montrer de quoi Jeepie est capable…On prend vite notre 1ère balise et direction le grand tas de sable ! c’est parti pour la chasse aux balises « X »… On s’arrête juste en bas, plaçons nos balises et dégonflons nos pneus à 400gr.
Jeepie part pour un grand surf dans lequel nous prenons aussi beaucoup de plaisir. Nos 3 balises X en poche, nous ressortons du sable à 12h45. La chaleur est étouffante, nous avons une pensée pour les concurrentes qui vont attaquer l’entrée des dunes à cette heure-ci. A la sortie, nous apercevons un campement nomade désert, nous décidons de nous accorder un moment pour regonfler nos pneus, placer nos balises suivantes, manger notre tartine de Vache Qui Rit et reposer notre Jeepie qui n’aura pas failli.
Regonfler nos pneus… pour cela, il nous faut arrêter le moteur et brancher les câbles du compresseur sur la batterie… il fait de plus en plus chaud et l’odeur d’essence est plus forte que jamais quand nous ouvrons le capot. Le compresseur est sorti, il ne reste plus qu’à le brancher… la peur de l’étincelle qui peut être fatale nous hante mais nous n’avons pas le choix, il faut trouver une solution et la moins dangereuse qui s’offre à nous est de regonfler sans démarrer le moteur. Ouf, voila qui est chose faite, nous pouvons repartir… mais au démarrage, Jeepie perd de l’essence au niveau du T des réservoirs ! nous constatons que cette perte d’essence n’a lieu qu’au démarrage sur le réservoir d’origine et basculons vite sur l’autre.
Un peu perturbées par ces soucis mécaniques couplés à la chaleur, nous repartons en oubliant complètement que pour atteindre ce camp de nomades, nous avons dévié de notre cap initial et nous apercevons au bout de quelques kilomètres que nous avons sérieusement dévié. Nous nous calons doucement grâce à la lecture de la carte et finissons par trouver notre 6ème balise non sans difficulté.
C’est avec nos 7 balises en poche que nous rentrons au bivouac à 18h15. Nous terminons 9ème de l’étape, 19ème au général…. Ce soir, Jeepie dormira à la méca. afin qu’ils nous réparent cette fuite qui est apparue aujourd’hui et vérifient de nouveau l’injecteur.
Nous, nous ne parlons que de sable, de chaleur et de dunes en sirotant une bière bien fraîche… de quoi oublier les ennuis mécaniques du jour… demain est un autre jour, ce soir, on savoure…
lundi 28 mars - étape 5 - Neijakh / Mhamid – étape marathon jour 1
17 balises à trouver en 2 jours avec un kilométrage idéal de 365 km et le temps donné estimé de 21h30
4h … Dominique !!!!!! on n’avait pas réclamé André ce matin encore ? L’étape marathon… redoutée cette année car ce soir, nous ne pourrons pas bénéficier d’assistance mécanique et nous devons prendre soin de notre Jeepie. L’atelier mécanique nous assure que le T entre les 2 réservoirs est réparé mais que pour l’injecteur, il n’y a vraiment rien à faire. « il n’y a plus rien à faire, elle reste dangereuse et risque de prendre feu ».
Ok… elle risque…ça n’est pas une certitude ça alors hop, on continue et on ne l’arrêtera que ce soir !
6h, nous voila de nouveau parties en 1ère ligne. Aujourd’hui est une journée de navigation et le terrain ne nous est pas inconnu. Nous nous envolons vers les balises avec un minimum de temps d’arrêt entre 2 car l’odeur d’essence nous rappelle que Jeepie est fragile mais une chose est sûre, nous l’amènerons jusqu’au bout et le plus vite possible.Nous arrivons à la 8ème balise vers 17h. Nous étudions la carte, plaçons la 9ème balise et nous apercevons qu’entre nos 2 balises, l’oasis El Mahrech nous tend les bras… un détour de 3 km, une passe dans la montagne et nous pourrons profiter d’un lit, d’un repas autour d’une table et d’une vraie douche ! comment résister ? pour y aller en économisant nos km, nous choisissons de traverser l’oued Rhéris plutôt que de le contourner.
Heureusement qu’au bout nous avons du confort… c’est ce qui nous motivera tout au long de cette traversée « infernale ». On monte, on descend, on évite les trous… et surtout, on se demande ce que l’on va manger, on rêve d’une boisson fraîche car la chaleur est infernale ! vite, il faut sortir d’ici au plus vite. Puis, devant nos yeux, des lauriers roses qui sentent bon le Sud, un groupe de charmants touristes retraités qui nous regardent comme si on tombait d’une autre planète et le sourire du patron.
Aujourd’hui, nous avons roulé dans une chaleur étouffante, sans clim, et ce havre de paix va nous assurer le repos qu’il nous faut. Nous garons Jeepie, découvrons nos chambres et partons profiter de la douche providentielle. Pendant ce temps, nos touristes curieux se rapprochent de Jeepie avec leur appareil photo et c’est parti pour une séance de shooting ! Une fois propres, nous leur ouvrons les portes et les laissons découvrir l’habitacle pendant que nous rangeons notre coffre.
Dans le groupe, un ancien mécano remarque son odeur d’essence et nous demande d’où vient le problème. Nous lui expliquons en 2 mots et ni une ni 2, le capot de Jeepie est ouvert pour une inspection. Il nous fait mettre le contact pour entendre le bruit au niveau de l’injecteur… il reste dubitatif et appellera le responsable du groupe en renfort. Ils passent ensuite sous Jeepie et se proposent de regarder d’où vient la fuite. Et les voila partis à démonter la tôle de protection du réservoir mais malheureusement, ils ne voient rien d’autre que de l’essence qui coule et en concluent que la fuite vient de l’injecteur. On profite de leurs compétences pour leur demander si son refus de démarrer peut venir de là. Ils nous expliquent qu’il faut laisser à la pompe le temps de s’amorcer avant de lancer le moteur. Nous retenons ces conseils pour nos futurs démarrages…Un autre équipage nous rejoindra plus tard et c’est ensemble, autour d’un bon couscous, que nous fêterons l’anniversaire de Prune.
Il est 21h, toutes les 4, nous décidons de rejoindre nos chambres afin de placer les points de l’étape du lendemain. Cette journée a été difficile et la fatigue, couplée au stress se fait sentir. La balise 10 ne nous paraît pas cohérente dans son placement mais nous décidons d’aller nous coucher pour reprendre tout cela le lendemain matin.
Nous ne dormons pas d’un sommeil reposant. Jeepie et le placement de la balise 10 nous posent un sérieux problème…
mardi 29 mars - étape 5 - Neijakh / Mhamid – étape marathon jour 2
Les réveils sonnent à 5h pour un départ prévu à 6h. Les 2 navigatrices vérifient les balises de la journée sur les cartes, quelque chose ne colle pas. Cette balise 10 les intrigue sans vraiment savoir pourquoi. Fin prêtes, nous mettons le contact dans Jeepie et rien… on se souvient des conseils de la veille mais rien… impossible de démarrer ! nous réveillons notre mécano qui gentiment examine Jeepie. Pas très rassurants ces messages du style « hum, à votre place, je ne quitterai pas l’extincteur » un extincteur ? quel extincteur ? nous n’avons pas d’extincteur dans Jeepie !
Le stress monte, l’angoisse grandit, elle donne mal au ventre… comment allons nous faire ? nous ne pouvons pas rester là mais comment rouler sans extincteur ? par chance, l’autre équipage est équipé d’un extincteur et nous le laisse avant de partir. Jeepie a toujours le capot ouvert, nous sommes là, impuissantes, l’extincteur dans les mains, à écouter les commentaires pessimistes des mécano du jour… il est 8h30 et c’est la boule au ventre que nous partons à la recherche de notre balise 9 et filons vers la 10 qui devrait être là… devant nous… mais où est cette balise ? pourtant nous y sommes, elle est là, c’est obligé.
Au bout d’1h, dans le doute, nous décidons de vérifier le point et pas d’erreur, c’est bien là, tout colle : le point est bon, le paysage correspond, elle n’est pas fermée alors où est-elle ? et cette odeur d’essence qui nous rappelle à chaque instant les risques que nous courons. Puis nous voyons arriver un équipage qui est là depuis le matin et nous confirme que la balise est là mais où ? elles ont tout ratissé et sans la trouver. On réfléchit, on cherche l’erreur et on la trouve en relisant notre feuille de route. Nous nous apercevons qu’il ne fallait pas placer notre point de la 9 à la 10 mais bien travailler en cap inverse à partir de la 12 !!! il n’y a pas à dire, nous sommes vraiment perturbées… comment avons-nous pu passer à côté de ça ? vite, nous replaçons tous les points et filons vers notre balise 10 mais nous avons perdu du temps qu’il nous sera impossible à rattraper.
Nous enchaînons sur la 11, ravitaillons en essence et étudions le parcours pour aller à la 12. Il est déjà 16h et cette balise 12 nous éloigne du bivouac qui n’est pas à côté… fatiguées, déçues, perturbées, nous décidons de rentrer par la piste au bivouac. Nous sommes quand même 28ème de l’étape et remontons 18ème au général mais ce soir, pas de bière fraîche, le sentiment ressemble plutôt à de la colère envers cette Jeepie qui commence sérieusement à nous fatiguer…elle ne nous aura pas ! on va se coucher passablement énervées contre elle…
mercredi 30 mars - étape 6 Mhamid / Foum-Zguid – étape marathon jour 1
10 balises à trouver en 2 jours avec un kilométrage idéal de 241 km et le temps donné estimé de 20h
Pour nous réveiller, en plus de la douce voix de Dominique (!), un vent de sable secoue nos tentes avec une force à peine croyable. Une 2ème étape marathon toujours sans assistance mécanique et cette fois, sans ravitaillement possible en essence. Jeepie est à la méca et les mécaniciens nous soutiennent qu’elle est réellement dangereuse du fait de ses problèmes d’essence… Jeepie dangereuse ? le doute est là, que faire, partir, se résoudre à abandonner ? quels sont réellement les risques ? personne ne veut nous répondre… alors on appelle nos conjoints à partir de la tente de la Poste au bivouac… et toujours pas une réponse valable ! on va donc la jouer plus concret… en cas de problème, Jeepie brûle ou explose ? ah elle brûle ? alors ok, on va le prendre ce départ et on va rouler jusqu’à ce qu’elle brûle ! la colère monte vraiment après Jeepie et on s’organise dans l’habitacle.
Ceintures interdites au démarrage et extincteur toujours à portée de main, maintenant on sait donc, on gère et surtout on ne lâchera rien face au danger. C’est elle ou nous !
6h30, c’est le départ vers cette étape qui va nous amener dans les dunes de Chegaga. Mais avant, il nous faut aborder un peu de sable, en pleine tempête pour pointer notre 1ère balise et récupérer notre feuille de ces 2 jours. En arrivant à notre 1ère balise, nous trouvons un équipage en bien mauvaise position. On se rapproche et toujours sans arrêter Jeepie, on le sort de leur mauvaise posture en continuant directement sur notre balise. Pas de temps à perdre en remerciements, on a une balise à pointer avec la rage au ventre.
Nous arrivons au pied des dunes à 14h30. Il fait 50°, le sable est mou et nous nous décidons de ne pas aller chercher la fameuse balise X dans ces conditions. Par contre, nous allons contourner au plus près pour franchir cette barrière de dégonflons nos pneus par sécurité. Et c’est en voulant contourner que nous nous apercevons que nous sommes déjà presque en haut ! la balise n’est plus qu’à quelques km devant nous… nous n’allons pas redescendre quand même ! allez go, on y va ! on a dit que l’on roulait jusqu’à ce que Jeepie brûle et elle n’a pas encore brûlé !
En continuant sur notre lancée, nous apercevons alors un équipage qui nous fait des signes en haut d’une dune… apparemment, elles ont un problème et il n’y a pas grand monde par ici… en arrivant vers elles, nous constatons leur dévers et rapprochons Jeepie pour les sortir de là. Cet équipage cherchait à sortir des dunes et nous lui expliquons qu’avant d’en sortir, nous allons chercher notre balise qui est « tout là haut » ! et c’est alors qu’elles décident de nous suivre plutôt que de continuer leur route seules.
Il fait de plus en plus chaud, c’est presque intenable. 56° dans l’habitacle, nos cheveux sont trempés sous nos casques. Prune sort prendre son cap et revient en courant vers Jeepie en réclamant de l’eau sur ses pieds. Pas de doute, sous l’effet de la chaleur, ses tongues ont bel et bien fondues ! les voila trouées ! c’est à peine croyable.
On remonte vite dans les voitures et repartons de plus belle. C’est certain, on ne s’arrêtera plus. Nous allons dorénavant nous fier au compas de la voiture…
CP3 ok à 17h45 et c’est le couteau entre les dents que nous allons pointer le CP4 qui se trouve en sortie. Toujours sans arrêter Jeepie, nous regonflons les pneus et décidons d’avancer vers la balise 5. L’équipage qui nous accompagnait, pris par l’émotion, a décidé de rester avec d’autres gazelles à la balise 4 et nous a gentiment offert champagne et foie gras pour nous remercier. Merci les filles ! on file, il va faire nuit, on a un oued à traverser et une Jeepie qui n’a pas encore pris feu.
19h, il fait nuit noire, la balise 5 est en vue mais ce soir, nous avons envie de savourer notre victoire sur les éléments et de poser notre tente loin de toute agitation. Nous dégustons champagne et foie gras et nous couchons de bonne heure. Nous pourrions presque pardonner ses caprices à Jeepie. Il y a des étoiles plein le ciel…
jeudi 31 mars - étape 6 Mhamid / Foum-Zguid – étape marathon jour 2
Ce matin, c’est grasse matinée, nous nous levons à 5h au son de nos réveils. Comme à son habitude, Jeepie perd de l’essence au démarrage mais maintenant, on assure et au bout de 30 secondes, elle démarre (on a appris à cohabiter avec l’extincteur et les ceintures sont toujours interdites au démarrage…)
5h45, nous pointons notre balise 5 et continuons notre route. C’est parti pour des balises « X » dans les dunes de Chegaga ! Comme dans Merzouga, nous dégonflons les pneus à 400gr et partons pointer nos CP. La chaleur est identique à celle de la veille et tout comme la veille, nous avons toujours cette rage au ventre qui fait que l’on ne s’arrêtera pas et nous déciderons de faire cavalier seul au milieu de cette immensité de sable.
Nos CP en poche, nous nous arrêtons brièvement regonfler nos pneus et continuons notre quête. Nous pointons notre balise 7 et filons vers la 8 qui est en bord de piste. Ah les pistes… l’éternel problème… entre une piste indiquée sur la carte et les 50 pistes devant nous… laquelle est la bonne ? nous perdrons un peu de temps pour nous caler mais arrivons quand même à la balise 8 aux alentours de 16h. Tout va bien, les balises qui nous manquent ne sont pas très loin, on peut boucler proprement notre marathon.
Ah… Jeepie qui se fait entendre… voyant essence qui s’éclaire au tableau de bord ! heureusement, nous avons nos 2 réservoirs de 70 litres et avons roulé sur l’additionnel alors hop, on bascule sur le principal… qui est vide !!!! lui aussi passe en réserve !!! mais oui bien sûr, la fuite… depuis hier matin, nous avons perdu de l’essence et maintenant que l’on en a besoin… il n’y a plus rien ! on sort papier et calculette et c’est parti… combien on prend de pénalités si jamais on tombe en panne d’essence ? il va falloir faire un appel méca et cela va nous coûter un max. Combien on prend si on rentre direct au bivouac ? hum, on perd 2 balises mais on économise en km sur les 2 jours et combien fait la réserve sur le réservoir additionnel ? là, on ne sait pas, on innove un nouveau produit que l’on a pas eu le temps de tester…Ok on va assurer, ce sera retour au bivouac au cap pour économiser un maximum de kilomètres.
Ça n’est pas le chemin le plus facile et chaque km qui nous rapproche du bivouac, on se dit que c’est ce que l’on fera de moins à pied !
On arrive au bivouac vers 17h, accueillies par Dominique et son équipe, prêtes à fêter dignement cette fin de rallye. On sera 17ème de l’étape et 16ème au général ! on ne s’est pas battues pour rien !
vendredi 1er avril - liaison vers Essaouira
Quelle fête hier soir ! open bar pour tous au bivouac ! merci Dominique ! finalement, on ne t’en veut plus de nous avoir réveillé à 4h.
Ce matin, lever 7h, le rallye, c’est fini… peine ou joie ? nos sentiments sont partagés. Pour la dernière fois, on va chercher Jeepie à la méca et posé contre son flanc : un pneu ! mais que fait ce pneu ici ? pourquoi n’est il pas reparti dans le camion qui l’a amené ? je crois que nous ne le saurons jamais mais il faut trouver une solution et s’il ne rentrait pas dans Jeepie au départ, il rentrera pas mieux au retour ! vite, on cherche une copine gazelle qui accepte gentiment de le mettre dans sa voiture pour nous le remonter à Sète ! ouf… on peut partir direction Essaouira ! nous décidons de rouler seules, tranquilles tout en papotant !
Nous nous arrêterons souvent remettre de l’essence car le cas Jeepie s’est dégradé au fil des jours et des « bricolages » et le réservoir d’origine est désormais inutilisable pour cause de fuite trop importante. Ce soir, nous dormirons dans un charmant petit ryad à Essaouira… il est là le bonheur du jour !
samedi 2 avril - Essaouira
Rendez-vous à 8h15 pour la mise en ligne pour l’arrivée qui se fera sur la plage. Les injecteurs de Jeepie nous seront apportés par un ami à Essaouira. Pourvu que personne ne fume à côté d’elle lors de notre arrivée… allez, pour la dernière fois, nous prendrons cet extincteur qui lui aussi défilera bien en vue au même titre que notre trio ! Ce moment là est pour nous la consécration de nos efforts et nous en profitons pleinement.
Ce prix, on l’a mérité ! un peu en colère contre Jeepie qui elle n’a rien mérité du tout… cette année, elle ne sera pas lavée avant le défilé, ça lui apprendra !
Une fois la remise des prix terminée, nous trouvons un garage pour réparer les injecteurs et, pour la 1ère fois depuis longtemps, nous prenons la route sans aucune odeur d’essence.
Notre objectif, profiter de remonter vers Tanger pour découvrir le bord de mer.
dimanche 3 avril - Essaouira - Tanger
Nous avons déjà commencé notre remontée vers Tanger et dormi à El Jadida. Plus que 500km à faire pour être au port à 18h.
Ce matin, c’est grasse matinée ! un hôtel face à la mer, il fait nettement moins chaud que d’où nous venons, il tomberait presque quelques gouttes et nous rentrons chez nous…9h, nous décidons de prendre la route et… Jeepie ne démarre pas !!!!! nooon, là, c’est exagéré ! les injecteurs sont neufs mais… c’est la batterie qui nous lâche ! arghhhh allez, c’est reparti pour trouver un réparateur qui va nous fixer les cosses et nous rajouter de l’eau car il n’y en avait plus une goutte !
10h, c’est parti direction Tanger… Jeepie ne bronche plus, elle doit sentir qu’il va lui en cuire !18h, nous arrivons au port et embarquons, non sans quelques regrets, direction la maison…
lundi 4 avril - journée en mer – arrivée à Sète
Ca y est, nous voila à Sète, il est 11h du matin. Débarquement, il faut retrouver Jeepie dans l’immense garage du bateau. La voila ! aucune porte ne s’ouvre… pas bon signe tout ça… la batterie !!!!! encore !!! pffff ok ok nous sortirons les dernières du bateau, démarrées grâce à une paire de câbles…
La douane est passée, nous retrouvons nos conjoints qui nous attendent avec impatience, un bouquet de fleurs à la main et Jeepie retrouve son grand frère qui l’attend avec un plateau accroché derrière… c’est parti pour 300km d’autoroute au cours desquels nous avons des anecdotes plein les poches pendant que Jeepie se fait toute petite sur sa remorque…
conclusion
Rencontrées sur le bateau qui nous ramenait après le rallye 2010, nous n’aurions jamais pu imaginer une telle entente dans notre équipage surtout avec les problèmes que nous avons rencontrés.
De cette entente, est née l’atteinte de notre objectif qui était d’être dans le top 20.
Des problèmes rencontrés avec Jeepie, est née cette rage que nous avions de ne pas abandonner, de vaincre ce sentiment de peur qui nous habitait le matin.
Chaque jour était pour Jeepie et nous une véritable victoire. Aujourd’hui, Jeepie est entièrement remise en état, et nous, nous ne pouvons pas nous empêcher de nous demander quel aurait été notre classement si nous n’avions pas rencontré ces problèmes que nous avons dû gérer en même temps que la course…
Et comme nous n’avons pas tout montré et que nous sommes toutes les 2 tenaces... nous repartons en 2012 sans rien changer au team : Prune, Jeepie et moi
Et en plus, on parle de nous dans Génération 4x4 et 4x4 story... elle n'est pas belle notre récompense ?
et respect les filles 
)
